LES ORIGINES DU SANTAL SPICATUM
Le Santal Spicatum est un arbre persistant de la famille des santalacées qui pousse naturellement dans la moitié Sud de l’Australie Occidentale. Si on le trouvait autrefois essentiellement dans la région de la Wheatbelt, il existe désormais des cultures dans les régions du Midwest et du Goldfields (notamment dans la petite ville minière de Kalgoorlie d’où provient notre Santal). Ces dernières sont strictement régulées et protégées par le Department of Conservation and Land Management (CALM) conformément aux dispositions du Sandalwood Act.
A quoi ressemble-T-IL ?
Petit arbuste qui ne dépasse pas les 4 mètres de hauteur, le Santal Spicatum fait partie des hémiparasites. C’est à dire, que s’il contient de la chlorophylle lui permettant d’assurer lui-même sa photosynthèse, ses racines ne suffisent pas pour pomper dans le sol l’eau et les nutriments nécessaires à son développement. Au cours des 10 premières années de croissance, il se nourrit et s’hydrate donc directement grâce aux racines des arbres voisins, de type Acacia ou Eucalyptus.
quand a-t-il été distillé pour la première fois ?
D’après les archives australiennes, on estime les premières distillations du bois de Santal Spicatum au milieu du XIXe siècle.
quel site convient à la culture du santal spicatum ?
Le site préféré pour la culture du santal est un sol argileux. Cependant, le bois de santal pousse également sur les graviers, les sables jaunes et les sables rouges. Le site doit être capable de retenir l’eau tout en étant bien draîné. Les sols salins, gorgés d’eau ou très argileux ne conviennent en revanche pas.
comment est cultivé le santal ?
La culture de Santal est un art long et méticuleux. Dans un premier temps, les fermiers creusent des planches de culture espacées de 4m chacune et profondes de 50cm. Puis, les graines des arbres hôtes (eucalyptus, acacia) sont plantées sur chaque rangée avec un espacement de 3 mètres entre chaque graine. Il faut alors attendre entre 1 et 2 ans (le temps que chaque arbre hôte mesure au minimum 1m) pour planter les graines de Santal à 50cm de chaque arbuste. Les graines de santal mettent ensuite entre 4 et 8 semaines à germer et il faut au minimum 5 ans et en moyenne 10 ans pour cultiver le bois de santal ; il est généralement cultivé lorsque son tronc dépasse les 125mm de diamètre, voire 150mm au niveau du sol.
Il faut préciser qu’à l’âge de 5 ans, les besoins parasites du santal spicatum sont bien trop importants pour un seul arbre hôte. Une culture de qualité va donc nécessiter au minimum un ratio d’un santal spicatum pour 2 hôtes.
Utilisation Ancestrale
Dans la culture aborigène, on raconte que le bois de Santal est utilisé pour parfumer l’air depuis plus de 30 000 ans. Ce qui fait de lui le premier parfum de l’humanité. Le bois était chauffé pour libérer ses arômes et implorer les dieux. Le Santal est perçu depuis toujours comme une matière qui permet de faire correspondre les hommes et les dieux. Il était donc régulièrement utilisé pour les crémations ; pour l’anecdote Gandhi a été insinéré avec une tonne de bois de santal (album cette fois, mais cela montre le “sacré” autour de l’ensemble de l’espèce).
Utilisations en soin
Encore aujourd’hui dans l’utilisation contemporaine du Santal Spicatum, on retrouve un fort attachement au sacré. Riche en terpènes, son huile essentielle est reconnue positivante, tout en apaisant et calmant. Elle favorise la positivité. Elle est ainsi énormément utilisée en aromathérapie ou olfactothérapie pour soigner divers maux, du grand stressé au dépressif.
utilisation en parfumerie
Par ailleurs en parfumerie, le santal spicatum est réputé comme étant un excellent fixateur et est énormément utilisé en note de tête pour enrichir des créations.
au commencement, il y a le santal
Si le Santal a toujours eu quelque chose de mystique, il nous a guidé vers notre métier, à une époque où notre sourceur en chef n’avait encore rien à voir avec le monde du sourcing. Ces vingt années de travail sont le résultat d’un hasard de la vie, saupoudré d’un peu de folie, on vous le concède. Voici l’histoire. A l’été 1999, le sac à dos harnaché sur les épaules, un road trip nous a emmené jusque dans le Western Australia. A cette occasion, on s’est arrêté chez un vieil ami nommé Steve, dans sa ferme à Albany ; une petite ville côtière à 400 km au Sud-Est de Perth. Au détour d’un repas, il nous a parlé d’un projet qu’il développait à l’initiative d’une communauté aborigène originaire de la région de Kalgoorlie, les Dutjahn.
des expropriations aux tribunaux
Depuis la colonisation de l’Australie par les anglais à la fin du XVIIIe siècle, la loi du terra nullius ne cesse d’être invoquée pour bafouer les droits fonciers des aborigènes. Des expropriations sans cesse motivées par l’argent, le pays tout entier regorgeant de ressources particulièrement lucratives. Récemment, de nombreux acteurs luttent pour les droits des aborigènes et certaines communautés ont gagné un premier combat en récupérant la propriété de leur terre. C’est le cas des Dutjahn. Mais dans le Western Australia en 1999, les natifs n’avaient encore aucun droit d’exploiter les ressources qui abondaient des sols et des sous-sols. Les Dutjahn se sont ainsi vu refuser de cultiver le santal sur leurs propres terres, peu importe leur savoir-faire certain.
un modèle unique détenu pour moitié par les aborigènes
L’Etat du Western Australia ne flancherait pas, il leur fallait un garant australien pour mettre leur projet sur pied. Ils se sont naturellement tournés vers Steve, entrepreneur réputé et très engagé dans la cause aborigène. Il a très vite accepté. Après un long combat, ils ont même réussi à partager équitablement les parts entre australiens et aborigènes, ce qui était inconcevable il y a encore quelques années.
A l’époque, dans un pays alors rongé par les clichés, peu de monde croyait à cette initiative. Les ventes décollaient timidement en terres australiennes, tandis qu’ils peinaient à trouver un intermédiaire prêt à vendre leur bois sur le marché européen. Sans même réfléchir, on s’est proposé. Steve a d’abord pensé qu’on blaguait mais devant notre insistance, il s’est finalement dit qu’il n’avait rien à perdre. Le plus cocasse dans l’histoire, c’est qu’on n’avait alors pas le moindre contact dans le milieu…
sites web
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Santalum_spicatum
- https://www.dutjahn.com/history
- https://www.olfastory.com/matiere/santal
- https://www.legislation.wa.gov.au/legislation/statutes.nsf/law_a730_currencies.html
publications officielles
- Barrett, D.R (1987). Initial observations on flowering and fruiting in Santal spicatum (R.BR.) the Western Australian sandalwood. Mulga Research Center Journal 9: 33-37
- Brand, J.E., Ryan, P.C. and Williams, M.R. (1999) Establishement of sandalwood (Santalum Spicatum) in south-western Australia: the Northampton pilot trial. Australian Forestry 62 (1): 33-37