aux origines du gingembre
Depuis la nuit des temps, le Gingembre assaisonne nos petits plats de ses saveurs épicées et citronnées. De type Zingiber officinale (ce qui, pour la petite histoire, a donné son nom à l’Île de Zanzibar), les premières traces écrites concernant son utilisation datent d’il y a plus de 3000 ans. On le trouve majoritairement dans la tradition Indienne et Chinoise. Il est originaire d’Inde et de Malaisie et l’immense majorité du Gingembre que l’on trouve sur le marché provient d’Asie et d’Asie du Sud-Est. Mais cette Plante vivace, qui ne dépasse jamais un mètre de haut, prospère dans tous les pays tropicaux humides. Il a par ailleurs été introduit en Europe et plus précisément sur le bassin méditerranéen dès le 4ème siècle avant JC par les Phéniciens. Ce qui fait de lui l’une des plus vieilles épices importées en Europe.
pourquoi on l’appelle gingembre bleu ?
Pour Le Sourceur, on cultive depuis 2004 un gingembre endémique à l’île de Madagascar. On le trouve dans la réserve de Vohimana, située à 150km au Nord-Est d’Antananarivo. Il est issu de la même espèce que son congénère asiatique et baptisé gingembre bleu ou l’or bleu en raison de la teinte bleue-grisée de ses rhizomes lorsqu’on les coupe. On ne sait toujours pas ce qui explique cette couleur, peu de botanistes s’étant penchés sur la question. On sait seulement qu’il s’agit d’une sous espèce de Zingiber Officinale Roscoe particulièrement riche en gingérols et shogaols lorsqu’il est récolté frais. Il est d’ailleurs plus frais, plus citronné avec des notes florales proche du géranium. Une singularité pour un gingembre qui s’explique par la présence d’acétate de géranyl en quantité importante (près de 10 %).
Quelles sont les conditions idéales pour faire pousser le gingembre ?
Plante vivace originaire des régions tropicales, le gingembre bleu pousse naturellement dans des climats chauds et humides. Mais il est tout à fait possible de le cultiver chez nous, sans trop d’entretien, à condition de respecter plusieurs règles. Le gingembre bleu aime lorsqu’il fait chaud. Il poussera idéalement à des températures avoisinants les 25°c, n’imaginez pas donc le cultiver en hiver. Il a également besoin d’un sol humide et d’une exposition mi-ombre mi-soleil. De manière générale, il préfère pousser en intérieur, en serre ou à la maison.
comment le gingembre bleu est cultivé à Vohimana ?
Le Gingembre Bleu est cultivé selon le cahier des charges du bio en respectant strictement les principes du commerce équitable. A Vohimana, plus de 70 familles cultivent la plante pendant que les enfants vont à l’école du coin. Les repas sont entièrement financés par l’association Franco-Malgache L’Homme & L’Environnement. Cette dernière a part ailleurs initié les habitants aux techniques de l’agriculture biologique, notamment le paillage afin d’éviter la multiplication des mauvaises herbes qui pourraient nuire aux cultures. Ainsi c’est plus de 50 tonnes de Gingembre qui est produit chaque année. Dont l’immense majorité est transformée en huile essentielle dans le laboratoire construit sur place (environ 150kg d’huile essentielle).
Utilisations à Madagascar
Utilisations en cosmétique
Cette découverte a valu au gingembre bleu de devenir un ingrédient majeur de quelques crèmes de beauté réputées. Il va y jouer un triple rôle : limiter le vieillissement des cellules, revitaliser les peaux fatiguées et donc limiter les rides.
utilisations en aromathérapie
Outre ces découvertes, et à l’instar de son congénère asiatique, le gingembre a la sulfureuse réputation d’être un puissant aphrodisiaque, source de nombreuses légendes. Mais il est surtout reconnu pour ses exceptionnelles propriétés digestives et curatives. Son huile essentielle est ainsi utilisée pour lutter contre le mal des transports, un ballonnement, des nausées, apaiser un foie chargé ou des constipations. Il permet enfin de traiter des douleurs musculaires ou des rhumatismes en application cutanée (à condition bien évidemment de la diluer avec une huile végétale).
Madagascar ou l’île de toutes les merveilles
Après une aventure formidable en Namibie, tant humainement qu’économiquement, il était temps d’explorer le monde à la recherche des merveilles naturelles dont il regorge. Encore une fois, l’idée était tant de cultiver de nouvelles matières que d’offrir des opportunités économiques aux populations locales, le tout en protégeant l’environnement ; pas de répit pour la planète. Cette fois, pas besoin de coup de pouce ou d’heures de recherches à feuilleter toutes les encyclopédies et ouvrages d’un pays, on avait déjà choisi notre future destination : Madagascar. On pourrait passer des heures à vous expliquer nos motivations, tant le pays est une mine d’or. C’est simple, on considère que l’île abrite la plus grande diversité d’espèces endémiques au monde. Ça a évidemment joué dans la balance.
des forêts menacées par l’activité humaine
Mais c’est un autre record, aussi triste soit-il, qui nous a vraiment décidé. Depuis 60 ans, on estime que Madagascar a perdu près de 44% de ses forêts naturelles… Si l’île est composée à plus de 90% d’espèces endémiques, c’est toute une biodiversité qui est en péril. En cause, le développement du maïs sur abattis-brûlis localement appelé « hatsake ». Cette méthode de culture, très rentable les premières années, se détériore vite pour laisser entre 5 et 10 ans plus tard des sols usés, trop appauvris pour que la forêt puisse se reconstituer. Précarité, relâchement du contrôle de l’Etat, pression démographiques, saturation des terres fertiles ou augmentation croissante de la demande en maïs sont autant de raisons qui expliquent ce phénomène.
Le Gingembre Bleu comme solution aux maux de la région
Face à ce constat alarmant de nombreux acteurs tentent d’agir à leur échelle. C’est ce qui nous a conduit à rencontrer Olivier Behra, nez pour Chanel, et président de l’association L’Homme et L’Environnement. On est tout de suite devenus amis. Il nous a parlé d’une plantation de Gingembre Bleu qu’il développait pour le groupe dans la réserve du Vohimana. L’objectif était triple. Le premier, comme bien souvent, était de développer une petite production rentable pour les différents acteurs, des habitants de la réserve aux exploitants. L’idée, et cela nous emmène au deuxième point, était de montrer qu’il existait des alternatives viables à la culture du maïs, plus pérennes, plus fructueuses sur le long terme mais aussi et surtout plus écologiques.
L’éducation comme Leitmotiv
Ce qui permettait d’éduquer les habitants à l’importance de leur écosystème et de mettre en place un programme de sauvegarde de la forêt et de ses trop nombreuses espèces en voie d’extinction ; notamment le grand Lémurien. Mais ce n’est pas tout, assurer une filière fiable et viable c’est aussi améliorer les conditions de vie des habitants qui cultivent la matière. Dans la réserve, les habitants sont isolés, loin des grandes villes et des premiers hôpitaux. Aussi, nous avons décidé de construire un centre de soin pour femmes enceintes. Près de 15 ans après le début de l’aventure, la filière est une réussite totale. Pour une première active dans le mécénat associatif. Et ça nous a conduit à bien d’autres aventures.