Où on le trouve ?
Le Bushman Candle ou Chandelle du Bochiman c’est l’histoire d’une matière première utilisée depuis des millénaires par les tribus d’Afrique Australe. Mais c’est aussi celle plus récente d’une découverte pour le monde de la parfumerie, un peu par hasard et par nos soins, sur la route qui devait nous mener à la Myrrhe. Elle est issue de petits arbustes de type Sarcocaulon Mossamedense qui prospèrent dans la région aride du Kaokoland, au Nord-Ouest de la Namibie.
A quoi ressemble LE BUSHMAN CANDLE ?
Le Bushman Candle, c’est en fait le résultat d’un long processus de transformation d’une partie morte du Sarcocaulon. Les rameaux mous de la plante se décomposent lentement en laissant derrière eux une cire incandescente parfumée, à la fois douce et ambrée, qui se présente sous la forme d’écorce ou coquille creuse. Cette dernière se solidifie par l’action du soleil puis tombe au pied de l’arbuste. Elle peut ensuite supporter les chaleurs extrêmes de la région tout en conservant sa fragrance exceptionnelle ou ses propriétés pendant des années. C’est précisément cette cire solidifiée qu’on appelle Bushman Candle.
ET LE SARCOCAULON MOSSAMEDENSE ?
L‘arbuste ne s’étend pas très haut mais il est extrêmement dense. Il a tendance à pousser en largeur. Ses ramifications sont épaisses, comme un peu bouffi et remplies d’épines le protégeant d’éventuels animaux curieux. Bien qu’impressionnant et inesthétique, il crée de très jolis fleurs qu’on peut apercevoir pendant les saisons douces. Elles vont du rose pâle au jaune oranger et ne sont jamais très nombreuses. On le trouve généralement au milieu du désert namibien sur le sol rocailleux et acide. À se demander comment une plante peut prendre vie dans ce milieu particulièrement inhospitalier. Il est également présent sur les côtes namibiennes.
Le BUSHMAN CANDLE : une récolte sauvage et délicate
À ce jour, il n’existe aucune forme de culture du Bushman Candle et les rendements se limitent à ce que la nature nous offre. La récolte est donc sauvage et presque exclusivement réalisée par les femmes de la tribu Himba. Par ailleurs, les buissons résineux sont très éloignés les uns des autres, ce qui rend la mission à la fois longue et compliquée, surtout les jours les plus chauds. Cela demande par ailleurs de connaître parfaitement le terrain. Les rendements sont donc très faibles et se limitent à quelques kilos par saison.
comment est récolté le bushman candle ?
On vient dépouiller chaque Sarcocaulon Mossamedense de la cire incandescente qui suinte des branchages morts en la cassant simplement. Ce qui permet aussi de faciliter son transport. Les morceaux au pied de l’arbuste sont également ramassés. Le Bushman Candle se brise comme de la porcelaine. Il fait le son de coquillages qui s’entrechoquent une fois dans les sacs en plastique utilisées par les femmes Himbas pour stocker la matière. Elles les portent sur leur dos ou attachés en bandoulière. Cette récolte est enfin rythmée par les chants qui résonnent au milieu du kaokoland et de ses étendues arides à perte de vue.
Le Bushman Candle ou la torche naturellement olfactive
Le Bushman Candle tire son nom des premiers habitants d’Afrique Australe, les San ou les Bochimans qui utilisaient autrefois la matière comme torche naturelle pour s’éclairer dans la nuit. Une technique testée et approuvée par les Himbas qui perpétuent cette tradition magnifique. Il faut d’ailleurs préciser que la résine ne dévoile ses secrets que lorsqu’on la chauffe ; une fragrance magnifique à la fois douce et ronde, vanillée et benjoin. Voir de ces propres yeux cette torche qui éclaire tout en embaumant, c’est quelque chose d’unique à ressentir. À noter que la torche olfactive permet de repousser les nombreux parasites et nuisibles du lieu de vie de la communauté.
la matière dans la cuisine himba
Le Bushman Candle est également utilisé dans la cuisine traditionnelle Himba. En premier lieu, il conserve le feu, simplement en jetant quelques morceaux au milieu du foyer. Il est enfin utilisé pour fumer et assaisonner la viande (le plus souvent de la viande d’oryx).
le bushman candle dans la parfumerie
Découvert récemment et encore très largement méconnu du grand public, le bushman candle n’existe pas au quotidien ailleurs que dans les micro-communautés Himbas. Il a néanmoins récemment rejoint la palette olfactive de notre Sourceur en chef qui le propose aux parfumeurs sous forme d’oléorésine pour les guider vers de nouvelles pistes olfactives. Notamment il est très efficace en temps que fixateur. Enfin, on utilise ses notes vanillées en diffusion à froid pour une ambiance cooconing gourmande à la maison.
À la découverte du bushman
L’histoire du Bushman Candle est symptomatique de notre métier de sourceur. A l’origine, notre premier voyage namibien devait nous conduire sur les traces de la Myrrhe Omumbiri dans le désert du Kaokoland, au Nord-Ouest du pays. Plus précisément en plein cœur de la tribu Himba. Nouvellement installés, une jeune femme Himba nommée Nakalandjara s’est proposée pour nous guider dans l’immensité du territoire. Nous sommes parties à l’aube le lendemain. Très vite elle s’est arrêtée au pied d’un petit arbuste épineux pour y récolter ce qui ressemblait à de l’écorce calcinée. Elle nous raconta qu’il s’agissait en réalité d’une cire incandescente qu’on appelle le Bushman Candle. On en avait déjà entendu parler, mais on ne s’attendait absolument pas à le trouver ici.
un trésor antique à la fragrance capricieuse
Nous étions comme des enfants. On a commencé à sentir la gomme qui n’a presque aucune odeur. Mais si notre métier nous a appris une chose, c’est que les fragrances sont capricieuses. On ne les trouve jamais où on les attend. On se rappelle d’une fouille au Nicaragua où on a senti une drôle de fleur : le matin elle ne sentait rien et le soir elle embaumait. Encore fallait-il avoir la patience de revenir la voir. On a donc compris que le Bushman Candle ne se laisserait pas amadouer si facilement. De retour au campement, on en a brûlé un petit morceau. Explosion de saveur ! La matière prenait tout son sens, c’était fabuleux.
un savoir ancestral pour de nouvelles opportunités
Le chef de la tribu Himba nous expliqua qu’elle est utilisée par les premiers peuples autochtones d’Afrique Centrale, les Bochimans qui s’en servait tantôt comme torche, tantôt pour parfumer la viande d’Onyx, tantôt pour éloigner les moustiques. La tribu perpétuait la tradition, et on s’est senti investi de la mission de faire connaître leur histoire. Ces gens en connaissaient plus sur les matières et les odeurs locales que n’importe qui dans le monde. On nageait en plein rêve. Depuis, notre découverte est utilisée dans la création de quelques parfums très réputés. Elle est souvent utilisée comme fixateur, et son arôme vanillé, benjoin, encens et baumé est un vrai atout dans la création.
SUR LE PETIT ECRAN
- « Sur la Piste des senteurs » Episode 1 : Namibie la myrrhe des Himbas Production : Flair Production, TV5 Monde, Ushuaïa TV Réalisation : Daniel Serre
DANS LA LITTERATURE
- Journal d’un anosmique, « Namibie » par Stéphane Piquart & Albin de La Simone
- Ke-Nako (Il est temps), BD publiée chez Expression Cosmétique, Dessin de Jef, Histoire de Stéphane Piquart