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L’Ambre Gris fait figure d’ovni au milieu des matières sourcées. D’abord parce qu’il est l’une des 6 matières d’origine animale utilisées dans la parfumerie (avec la civette, le musc, la cire d’abeille, le castoreum et l’hyraceum). Ensuite puisqu’il s’agit d’une concrétion intestinale d’un géant des mers : le cachalot ou Physeter macrocephalus. Substance rare et inestimable, on estime que seule 1% de la population des cachalots macrocéphales en fabriquerait. Suite à un mécanisme défensif, ils rejettent tout corps étranger néfaste à leur organisme, notamment les becs de seiches qui viennent se loger dans leur intestin. Afin de se protéger, le cétacé produit un agglomérat qu’il rejette dans la mer. On parle communément de « vomi de cachalot » dont l’ambre gris tire son surnom. Cette matière animale est très difficile à identifier et savoir où la trouver nécessite une parfaite connaissance des vents et des marées ainsi qu’un odorat développé.
C’est une matière très parfumée, à la fois solide, grasse et inflammable. Si on le désigne communément de vomi de cachalot, c’est d’abord parce que les spécialistes jugent que l’ambre gris est un dégueulis de l’animal. Mais certains scientifiques ont récemment mis en doute cette théorie et considèrent qu’il provient de ses excréments. A l’origine visqueuse et liquide, la masse se fossilise avec le temps aidée par l’action commune du soleil et de la mer. Aussi, même si on trouve des résidus d’ambre dans tous les océans, il est presque impossible de le rencontrer sous sa forme liquide. Si bien que l’immense majorité des récoltes se fait sur les côtes, sous la forme d’un bloc qui ressemble à un simple galet. Il vous faudra ainsi une connaissance parfaite des courants et marées, des déplacements du cétacé, un sacré flair et de la réussite pour espérer en trouver.
Chaque bloc est unique en son genre, autant par sa taille, sa couleur, sa composition que pour l’odeur qu’il dégage. Il peut être rond ou irrégulier, détaché sous forme de ce qu’on appelle « rognon » ou complet, peser quelques grammes comme plusieurs centaines de kilos, et avoir des couleurs très différentes selon sa maturation. Communément, on répertorie l’ambre gris sous 3 types de couleur : dans l’ordre le noir, le gris et le blanc. Le noir est le plus frais, celui qui se rapproche le plus des notes fécales propre à l’animal. Il est donc plus mou que les autres. A l’inverse l’ambre blanc est le plus dur et tend vers des notes davantage salines et iodées. On reconnaît aisément l’apport de la mer sur ce bloc. Enfin, attention à ne pas confondre l’ambre gris avec l’ambre végétal qui est une résine fossilisée provenant d’arbres.
Qui n’a pas rêvé de trouver un jour de l’ambre gris sur les plages qu’il fréquente ? Un vomi commercialisé entre 20000 et 30000 euros du kilo sur le marché actuel, ça a de quoi faire tourner quelques têtes. On ne compte d’ailleurs plus le nombre d’histoires racontées par nos médias de Monsieur Toulemonde tombé par hasard sur le précieux sésame. Sauf que ces articles qui recherchent avant tout le clic sont souvent de l’intox. Il est en réalité très rare que la matière trouvée soit réellement de l’ambre gris. Et à moins de connaître parfaitement le terrain, et d’avoir « le cul bordé de nouille », pardonnez-nous l’expression, vous avez autant de chance de trouver de l’ambre gris que de décrocher le jackpot au Loto.
De manière régulière nous recevons des appels ou des mails de personnes qui affirment être en possession d’ambre gris. Dans l’immense majorité des cas il ne s’agit pas de la dite matière. Il est aujourd’hui facile de confondre la matière avec de nombreux détritus qui s’échouent sur les plages, qu’ils soient d’origine naturelle ou non : que ce soit de la graisse animale solidifiée, de la paraffine ou encore de l’huile. A chaque sollicitation, naît l’excitation de trouver le précieux joyaux de la parfumerie. Nous participons donc avec joie à cette quête faite de multiples rebondissements, d’histoire rocambolesques et pour beaucoup de déception. Mais quelque part ce qui compte c’est cette chasse au trésor qui nous tient encore aujourd’hui en haleine comme au premier jour.
Pour finir sur cette matière, il est fondamental de préciser que s’il s’agit d’une note d’origine animale, en aucun cas le cachalot lui même est dérangé, stimulé ou pire encore, tué. L’idée c’est de récolter l’amas solide directement sur les côtes continentales. Si ce n’était pas forcément le cas dans le passé, notamment au XXème siècle où l’espèce a été en partie massacrée, la chasse au cachalot a été presque unanimement interdite depuis 1982. A noter, que c’est le spermaceti de l’animal qui était avant tout recherché, mais ces chasseurs en profitaient pour lui ouvrir l’estomac afin de rechercher l’ambre. Même s’ils n’en trouvaient que très rarement. Il faut d’ailleurs préciser que cet ambre n’avait pas le même intérêt puisque ce n’est qu’après un long processus de transformation suite à l’action commune des éléments que la matière prend tout son sens.
Les seules autres matières d’origine animale qui ne nécessitent pas d’action néphaste pour l’espèce sont la cire d’abeille et l‘hyraceum (pierre d’Afrique). Toute autre matière a été exclue de la parfumerie pratiquée en Europe soit parce qu’il fallait tuer l’animal, soit parce qu’il fallait l’exciter. C’est le cas du castoreum, de la civette ou du musc Tonkin par exemple.
L’ambre gris est une fragrance complexe qui s’intensifie avec l’âge. Tout juste récolté, le bloc dégage des effluves à forte dominance de crottin de cheval ou de fumier. Avec le temps, il s’affine et libère des notes plus rondes, plus parfumées, assez proches du tabac (même si son caractère animal reste parfaitement identifiable). Enfin, un morceau ancien qui a longtemps dérivé dans l’océan a une odeur iodée très prononcée. Une seule matière pour de multiples facettes donc, comme une véritable aubaine pour les parfumeurs qui composent leurs créations grâce à ces notes singulières. Malgré ces différences, l’odeur de l’ambre gris garde une ligne de conduite : les notes chaudes.
Bien avant de devenir une matière phare de la parfumerie, l’ambre gris fut reconnu et utilisé par les plus grandes civilisations. Dans la médecine traditionnelle chinoise par exemple, il est réputé pour traiter les maladies respiratoires. On l’utilise entre autre pour soigner l’asthme depuis plus de 2000 ans. Pour la petite histoire, l’origine de l’ambre gris est restée un mystère pendant des siècles. De très nombreuses théories sont nées, certains considéraient que c’était une résine, une variété de champignons, voire de l’écume solidifiée, d’autres y ont vu un fruit, une pierre précieuse et bien d’autres. En Chine, on lui a attribué une origine mystique dont il tire son nom, la « bave de dragon ».
La parenthèse faite, l’ambre gris a par ailleurs largement été utilisé pour ses propriétés aphrodisiaques ; en tant que phéromone, il agit sur le système hormonal. C’est notamment le cas dans toute la culture Arabe et plus particulièrement au Moyen-Orient. A ce titre, on raconte que l’ambre gris était mélangé au chocolat chaud dans les milieux libertins européens au XVIIIe siècle. Une boisson symbole de l’érotisme qui ira jusqu’à être consommée par Marie-Antoinette en personne. Enfin, on peut noter que la civilisation Égyptienne le réduisait en poudre pour l’utiliser sous forme d’encens.
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copyright Photo Léo Massé
Un Parfum de Florès / Série documentaire « Sur la Piste des senteurs » / Production : Jangal Films
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