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A l’instar de nombreuses matières naturelles, le Vetiver Haïti (Chrizopogon Zizanioïde) est connu depuis des siècles. Au minimum depuis l’antiquité, puisqu’on retrouve des traces écrites de son utilisation dans les écrits ayurvédiques dès le Xème siècle avant JC. Son nom provient du sud de l’Inde, en particulier de la région du Tamil Nadu occidental dont il est originaire et plus précisément du mot tamoul “vettiveru”. Il est par ailleurs appelé Khus Khus dans de très nombreuses régions d’Inde. Ce n’est qu’au début du XIXè siècle qu’il commence a être introduit en Europe comme souvent pour les besoins de la parfumerie. Apprécié pour ses notes boisées, à la fois tenaces et terreuses, il est alors régulièrement associé aux matières les plus nobles comme le Néroli, le Jasmin, l’Ylang-Ylang, la Rose ou encore le Patchouli.
On trouve aujourd’hui du vétiver dans de très nombreux pays tropicaux, en particulier à Haïti, à Madagascar, en Indonésie, au Brésil ou encore en Chine. Si on recense une douzaine d’espèces de vétiver, on en utilise principalement 3 en parfumerie, tous issus de la famille des Graminées et du genre Vetiveria Zizanioïde : le vétiver Bourbon, le vétiver d’Haïti et le vétiver de Java. Le premier est réputé pour ses notes terreuses, fines et légèrement rosées, quand le vétiver haïtien est davantage boisé, vert et le vétiver de Java fumé à l’extrême. Le vétiver Bourbon a longtemps été considéré comme le plus noble, en raison de sa qualité exceptionnelle, mais il a aujourd’hui largement disparu au profit du vétiver haïtien qui représente à lui seul près de la moitié de la production mondiale (sur une production globale avoisinant les 150 tonnes par an).
Sorte de touffe verte envahissante aux feuilles filiformes et hautes, le vétiver doit sa notoriété à ses racines qui se développent verticalement jusqu’à 3 mètres de profondeur. Elles sont primordiales à plusieurs égards. D’abord, elles luttent efficacement contre l’érosion des sols : en augmentant sa fertilité, conservant son humidité et stabilisant ses mouvements. Dans un autre registre, elles sont un excellent moyen de repousser les mites et plus globalement les insectes. Déterrées, les rhizomes dégagent enfin une odeur caractéristique appréciée des parfumeurs : à la fois tenace et terreuse, boisée et fumée. Une herbe à tout faire donc qualifiée de “Mirak Plant” ou “plante miracle” par les Haïtiens
Généralement, on trouve le vétiver dans les régions tropicales ou subtropicales. Il pousse davantage sur des sols humides et plus précisément sur des plaines, près des rivières ou des marécages. Mais la plante est particulièrement résistante grâce à ses feuilles engainantes et la longueur de ses racines (qui s’enfoncent jusqu’à 3 mètres de profondeur). Le vétiver survit donc aux conditions les plus extrêmes, aussi bien les longues périodes de sécheresses que les très fortes inondations voire même aux cyclones. Il faut préciser que la plante agit comme son propre insectifuge.
A Haïti, vous croiserez le Vétiver partout. C’est simple, on estime que près d’un habitant sur deux en possède une parcelle sur son terrain. Et que plus de 50000 familles du Sud vivent de cette activité agricole. Côté culture, la récolte est appelée « la fouille », puisque la terre doit être retournée à la fourche pour extraire les racines. Elle débute en décembre l’année suivant les premières plantations. Après 18 mois, la touffe d’herbe est coupée à ras, et les racines sont extraites de terre. Ceci ne se pratique qu’en saison sèche et en prenant certaines précautions pour éviter l’érosion des sols. Elles sont ensuite disposées en botte ou « balle » pour être distillées en huile essentielle (notez qu’il faut 150kg de racines et pas moins de 24 heures de « cuite » pour obtenir un litre d’huile).
Pour Le Sourceur, nous avons fait le choix de travailler avec le producteur Unikode, qui suit une expertise dans la mise en place de filières d’approvisionnement durables et équitables, au sein du domaine des Cayes. Unikode soutient le principe de la culture durable en permaculture et reconnaît la nécessité de valoriser et de rémunérer la participation des petits exploitants qui sont les producteurs de racines de vétiver.
Pendant longtemps, à l’Île de la Réunion ou dans l’Océan Indien, le vétiver était un matériau incontournable pour la construction des habitats et de ce que l’on appelle traditionnellement “la kaz en paille” ou case en paille ; une petite maison bon marché à l’origine construite pour loger les esclaves ou servir de dépendance aux colons. On utilisait sa paille pour concevoir les toits en chaume voire même les murs, notamment sa fibre servait à la conception des briques adobes. Son utilisation en tant que matériau de construction s’est aujourd’hui largement marginalisée mais de nombreux acteurs militent pour qu’il soit réintroduit.
Les racines du vétiver sont réputées pour être particulièrement efficace pour lutter contre l’érosion des sols tout en facilitant l’absorption des pluies. Mais elles sont aussi utilisées au travers le monde à de nombreux égards autant grâce à son odeur fascinante que pour ses propriétés exceptionnelles.
Traditionnellement, les femmes tissaient des rideaux, des paravents ou même des éventails avec des racines sèches de vétiver tout en les aspergeant d’eau afin d’embaumer l’air d’effluves fraîches et boisées. Cela fonctionnait un peu comme de l’air conditionnée odoriférante.
Le vétiver rentre depuis de très longues années dans les compositions des plus grands parfumeurs qui apprécient fortement ses notes boisées, épicées et aromatiques. S’il fait la part belle à la parfumerie masculine, notamment à la fin des années 50 avec des créations archi célèbres comme Vétiver de Carven ou Vétiver de Guerlain, il a su aussi s’imposer dans la parfumerie féminine, avec le non moins réputé Cabochard de Grès.
L’huile essentielle de vetiver promet calme et sérenité et est reconnue comme un antidépresseur en médecine ayurvédique. En aromathérapie ce sont ses propriétés d’ancrage, et de confiance en soi qui sont mises en avant.
On se rappelle de cette phrase entendue au détour d’un marché de Port-Au-Prince lors de notre premier voyage Haïtien en 2009. À l’époque, la culture du vétiver abondait sur l’île, la parfumerie en ayant fait son terrain de jeu favori pour élaborer sa gamme de parfums pour homme. Véritable aubaine de l’industrie, la filière ne faisait pas encore le bonheur des producteurs locaux, largement mis à l’écart dans cette course effrénée à la provision…
Baptisée « Mirak Plant » par les Haïtiens, la matière est essentielle dans la sauvegarde et l’enrichissement des terres ; pour sa capacité à pousser partout, à résister à toutes les intempéries, mais surtout pour son rôle prépondérant dans le recul de l’érosion des sols. Une véritable aubaine pour cette île sans cesse dévastée par les catastrophes naturelles ; à Haïti, on entend souvent dire : « Quand il ne reste rien, il n’y a que le vétiver pour tenir debout ».
A contrario, son exploitation ne cesse d’accroître chaque année et occupe une place de plus en plus importante dans l’économie de ce pays agricole. On estime qu’aujourd’hui plus de 50 000 familles vivent de la plante. Mais à trop vouloir l’exploiter, le vétiver s’est très vite retrouvé face à son plus gros dilemme. Fallait-il préserver la matière ou au contraire la cultiver ? Pour se remettre dans le contexte, en 2008, il n’existait aucune forme de limitation des stocks annuels. On a ainsi assisté à une surexploitation entrainant une chute des prix. Chaque jour les producteurs se trimballaient des ballots de dizaines de kilos sur le dos pour à peine 50 centimes d’euro. Chaque jour les parcelles de vétiver arrachés non remplacées perdaient du terrain. On marchait sur la tête.
C’est dans cette logique qu’un groupement associatif a vu le jour à l’initiative des principales sociétés cosmétiques et de parfumeries présentes sur le terrain. Avec la volonté collective de rendre la filière du vétiver équitable et durable, tout en minimisant son impact environnemental. Ce groupement se nomme NRSC ou Natural Ressource Stewardship Circle.
Concrètement et sans s’immiscer dans l’économie locale, l’association vise à pérenniser la filière en établissant des règles communes de pratiques à adopter qui sont autant de valeurs comme la transparence, l’équité ou la protection de la biodiversité. En clair, le groupement tend à fixer l’achat des racines au prix le plus juste afin d’augmenter les revenus des agriculteurs, facilite la création de coopératives pour réguler et contrôler les stocks (et d’éviter à la fois une surexploitation qui fragiliserait les sols et entrainerait un nivellement des prix vers le bas). Il crée également des programmes de replantation dans les zones les plus sensibles. Si cette association n’existe plus aujourd’hui, laissant la place à des coopératives et de beaux projets en local comme notre producteur Unikode, cela fut une réussite totale qui démontre que les initiatives collectives entrainent des bouleversements positifs.
Behave Sourcing : Vetiver
Sylvaine Delacourte : La racine du Vétiver
L’Osmothèque : Le Vétiver, une palette de senteurs végétales
Wikipedia : Vétiver
Wikipedia : Chrizopogon Zinanioïde
La Science des Huiles Essentielles médicinales, par Pierre Franchomme,
éditée chez Guy Trédaniel, p138
Vétiver : le Vétiver en parfumerie, par Eléonore de Bonneval, Olivier David R.P., Jeanne Doré et Anne-Sophie Hojlo,
édité chez Nez, 2020
Le Vétiver à Haïti, réalisation Martinique la 1ère
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